L'ouverture à la concurrence permet à l'autorité organisatrice de se concentrer sur ses missions de réglementation et de régulation. Tous les autres acteurs du secteur vont se voir alors attribuer un rôle en mode "sous-traitance". L'expérience du secteur financier dans les années 2000 montre que le processus est définitif, avec les rôles joués par l'AMF (Autorité des Marchés Financiers en France) et par la Banque Centrale Européenne. Les établissements financiers ont dû appliquer de nouveaux ratios. Leurs activités ont évolué et ils se sont logiquement soumis aux nouvelles règles du jeu.

Les appels d'offres IDFM sont la première étape de la mutation. Un des objectifs de l'appel d'offre est de récupérer des données, pour pouvoir coordonner, suivre, contrôler, tel un donneur d'ordre avec ses prestataires. La lecture des premiers appels d'offres montre la prégnance du système d'information (spécifications de la demande et procédures) et le peu de la latitude laissée aux opérateurs dans leurs réponses. L'opérateur ne conçoit pas l’offre en tant que telle, il répond au cahier des charges, et les critères de sélection évoluent. La donnée prend donc une valeur stratégique : connaissance et compréhension des demandes et des besoins. Les données deviennent fondamentales pour l'autorité organisatrice, dans sa volonté d'une ouverture à la concurrence loyale et transparente. L'opérateur se place alors en sous-traitant dans la production de ces données, avec un processus invasif de l'autorité organisatrice (par l'intégration du système d'information chez le sous-traitant). La production de la donnée prend de la valeur et il est nécessaire d'établir le niveau de rémunération pour cette production.

Le positionnement stratégique de l'opérateur devrait changer, avec une place nouvelle pour les data. Avant ces nouveaux appels d'offres, l'opérateur imaginait et proposait une offre de transport avec des variantes et l'autorité organisatrice sélectionnait sur propositions. L'opérateur valorisait son savoir-faire dans la conception d'offres de transport. Maintenant, c'est davantage le donneur d'ordre qui communique sa vision du transport, associée à un cahier des charges (contraint et un temps court pour répondre). La zone d'intervention de l'opérateur se rétrécie, elle est moins dans l'objet ("Je propose une ligne car il y aura des validations") que dans l'innovation technologique. L'enjeu de l'opérateur va être d'investir dans l'innovation, la donnée intelligente, pour valoriser le territoire par la donnée. L'acquisition et le mix de données disponibles de tous types deviennent déterminants, pour savoir comment faire, au bénéfice des nouvelles mobilités !